Jo Privat est l’incarnation du « titi parisien ». L’accordéoniste originaire de Ménilmontant, d’un père auvergnat et d’une mère piémontaise, grandit bercé dans ce bouillon de culture si particulier qu’est le Paris de l’entre deux guerres. Il est très proche de sa tante, tenancière d’une maison close, qui remarque très tôt son oreille musicale. C’est à sept ans qu’il commence l’accordéon, en suivant l’enseignement du très reconnu Paul Saive.
Le blues parisien dans toute sa splendeur.
C’est en 1936 qu’il devient l’accordéoniste du Bal Vernet au 9 rue de Lappe dans le quartier de la Bastille. Ce bal, dans lequel il deviendra chef d’orchestre à partir de 1945, est surnommé le Balajo, nom qui résonne encore aujourd’hui d’une aura retentissante dans les nuits parisiennes.
C’est au même moment que Jo enregistre ses premiers succès. Jo Privat est un pionnier de la valse swing, un genre qui conjugue à la musique populaire la liberté et la richesse harmonique du jazz auquel il ajoute des sonorités manouches. Le valse swing est à l’image du Paris de l’époque, épris d’une fièvre profonde où la promiscuité urbaine force une fusion des genres musicaux. Cet éclectisme est aussi un trait de la personnalité de Jo Privat. Il maitrisait mieux que personne, et ce parce qu’il avait fréquenté les voyous du quartier de la Bastille, l’argot parisien tout en étant proche des grands écrivains de cette époque. Cet éclectisme se retrouve dans des morceaux comme Balajo, dont le titre fait évidemment référence à l’établissement auquel Jo restera lié toute sa vie. Composé en sol majeur, ce qui est inhabituel pour une valse musette, ce morceau brille d’une mélodie particulière due aux enchainements harmoniques dont lui seul avait le secret.
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